À 1.750 milliards de dollars pour les six premiers mois de l'année,
le marché mondial des fusions-acquisitions, en hausse de 75 % par rapport au premier semestre 2013, est euphorique. Une aubaine pour la stratégie d'arbitrage du célèbre « hedge fund »
de John Paulson, qui représente près d'un tiers des 21,6 milliards de dollars de capitaux
qu'il gère. Dans un entretien exclusif aux « Echos », à l'occasion de sa venue en France
et du lancement d'un fonds sur la plate-forme Gaia de Schroders,
John Paulson s'exprime sur la nécessité d'une très grande rigueur dans l'analyse des opérations. Un mauvais pari, et c'est toute la performance du fonds qui peut être durablement pénalisée.
Les collaborateurs de Paulson sont tous passés par les grandes banques d'investissement,
où ils ont peaufiné leur analyse des « dossiers ».
Source: Les Échos / 01/07/2014 par Nessim Ait- Kacimi Journaliste
le marché mondial des fusions-acquisitions, en hausse de 75 % par rapport au premier semestre 2013, est euphorique. Une aubaine pour la stratégie d'arbitrage du célèbre « hedge fund »
de John Paulson, qui représente près d'un tiers des 21,6 milliards de dollars de capitaux
qu'il gère. Dans un entretien exclusif aux « Echos », à l'occasion de sa venue en France
et du lancement d'un fonds sur la plate-forme Gaia de Schroders,
John Paulson s'exprime sur la nécessité d'une très grande rigueur dans l'analyse des opérations. Un mauvais pari, et c'est toute la performance du fonds qui peut être durablement pénalisée.
Les collaborateurs de Paulson sont tous passés par les grandes banques d'investissement,
où ils ont peaufiné leur analyse des « dossiers ».
Source: Les Échos / 01/07/2014 par Nessim Ait- Kacimi Journaliste
L'économie européenne est
vraisemblablement sortie de la récession
et affiche une croissance modérée, ce qui est un véritable plus.
Le risque d'une crise de la dette souveraine, la grande peur de 2011,s'est bien éloigné :
le financement est facilement disponible et les rendements des obligations d'Etatsont bien plus bas.
Aux Etats-Unis, la croissance repart et l'économie paraît dans un bon état.
Plus généralement, les économies occidentales ne sont pas robustes mais progressent
à un rythme modeste, et c'est ce qui leur est sans doute arrivé de mieux depuis la dernière récession. Ainsi, l'environnement est plutôt favorable, notamment si vous y ajoutez des taux bas généralisés (entreprises…) et des actions américaines qui sont à leur plus haut.
Je ne prévois pas de risques majeurs sur les marchés.
Les entreprises peuvent en ce moment emprunter à des taux bas et émettre des actions,
ce qui est « relutif » (1) pour les sociétés qui les rachètent.
Par conséquent, il n'est pas surprenant qu'il y ait beaucoup d'opérations de fusion-acquisition.
De façon générale, la fusion est « relutive » et stratégique.
Le bénéfice par action du prédateur progressera plus vite grâce au rachat de sa cible.
Je dois dire que c'est une des meilleures périodes de ma carrière pour la stratégie d'arbitrage
de fusions-acquisitions car c'est une des meilleures périodes pour les sociétés pour croître par acquisitions. Il y a eu par le passé de mauvaises fusions, mais c'est moins le cas aujourd'hui.
Le risque de ces opérations dépend de plusieurs facteurs, particulièrement les aspects réglementaires
et politiques (l'influence d'un gouvernement sur l'issue d'un rachat), et le volet du financement du rachat.
Cette activité au sein des banques a été considérablement réduite à la suite de la loi Volcker
[NDLR : règle qui vise à limiter l'activité spéculative des banques]. Les fonds spécialisés dans cette stratégie ont été de leur côté durement pénalisés par l'échec de certaines opérations telles
que Hillshire-Pinnacle et Pfizer-AstraZeneca, qui leur ont fait perdre de l'argent.
Mais si l'écart entre le prix voulu par l'acquéreur et le cours de l'action s'accroît - le « spread » (2) -,
cela devrait attirer de nouveaux acteurs dans le marché. Il faut garder à l'esprit que ce « spread »
est le gain maximum que vous pouvez obtenir si tout va bien. Mais, si ce n'est pas le cas,
vous êtes exposés à de lourdes pertes. Quand vous intervenez sur des opérations dont les termes
sont annoncés, vous devez avoir raison dans 95 % des cas pour gagner de l'argent car le « spread »
est très faible au regard du risque de perte.
Quand, en revanche, vous achetez des actions en anticipant leur rachat,
il n'est pas nécessaire d'avoir raison tout le temps.
Oui, car elle se produit dans un contexte favorable pour les résultats des entreprises,
et que ces opérations de rachat sont stratégiques et « relutives ».
Les sociétés sont plus fortes à la suite de ces rapprochements.
Des considérations fiscales ont pu expliquer certaines acquisitions de sociétés étrangères
par des groupes américains, mais la fiscalité n'est pas le déterminant essentiel de ces opérations
entre les deux continents. A l'avenir, nous anticipons un mouvement de consolidation
parmi les producteurs de pétrole américains indépendants, dans les télécoms en Europe
ou dans le secteur de la santé.
Notre fonds n'est assurément pas un activiste.
En règle générale, nous apprécions de travailler en collaboration avec les entreprises.
Nous n'aimons pas être leurs adversaires. Cela nous réussit mieux financièrement
quand nous sommes amicaux plutôt qu'hostiles.
Les activistes peuvent être bénéfiques aux actionnaires, comme dans l'opération Allergan-Valeant.
Comparé aux « hedge funds » disposant d'actifs du même ordre, nous sommes une petite boutique
« agile » avec 126 collaborateurs, dont près de la moitié dédiés à l'investissement,
et un très faible taux de rotation de nos effectifs. Nous sommes satisfaits de cette organisation.
Nous disposons d'une gamme de stratégies assez complète (fusions-acquisitions, crédit…)
et souhaitons rester focalisés sur nos expertises historiques.
Les Etats-Unis et l'Europe sont les deux zones sur lesquelles nous opérons exclusivement.
Nous ne sommes pas encore présents en Asie, mais nous le serons à l'avenir.
C'est une zone très attrayante, mais aussi très exigeante, où vous devez allouer beaucoup
de ressources pour rencontrer le succès.
Les « hedge funds » sont supposés offrir aux investisseurs des rendements constants,
peu volatils et peu corrélés aux autres marchés, tout en gérant bien leurs risques.
Il est très dur de répondre à toutes ces exigences, notamment pour les gérants peu expérimentés.
Il est très facile de lancer un « hedge fund » mais très difficile de durer dans ce métier.
Vous devez être perspicace, dédié à 100 % à votre fonds, humble, patient et faire preuve d'indépendance d'esprit. Peu de gestionnaires disposent de toutes ces qualités.
Contrairement aux fusions dans le monde industriel, les rapprochements entre deux « hedge funds »
ne font pas beaucoup sens à cause des difficultés à rapprocher et à faire cohabiter des individus, cultures et processus d'investissement différents. Je suis très indépendant
et ne pourrais pas travailler pour un actionnaire qui a son mot à dire sur la façon dont je gère mon fonds. Si je devais lancer un nouveau « hedge fund » aujourd'hui,
je procéderais de la même manière qu'il y a vingt ans.
Une alliance avec Schroders
Si John Paulson était à Paris il y a quelques jours, c'était notamment pour rencontrer les clients
et affiche une croissance modérée, ce qui est un véritable plus.
Le risque d'une crise de la dette souveraine, la grande peur de 2011,s'est bien éloigné :
le financement est facilement disponible et les rendements des obligations d'Etatsont bien plus bas.
Aux Etats-Unis, la croissance repart et l'économie paraît dans un bon état.
Plus généralement, les économies occidentales ne sont pas robustes mais progressent
à un rythme modeste, et c'est ce qui leur est sans doute arrivé de mieux depuis la dernière récession. Ainsi, l'environnement est plutôt favorable, notamment si vous y ajoutez des taux bas généralisés (entreprises…) et des actions américaines qui sont à leur plus haut.
Je ne prévois pas de risques majeurs sur les marchés.
Les entreprises peuvent en ce moment emprunter à des taux bas et émettre des actions,
ce qui est « relutif » (1) pour les sociétés qui les rachètent.
Par conséquent, il n'est pas surprenant qu'il y ait beaucoup d'opérations de fusion-acquisition.
De façon générale, la fusion est « relutive » et stratégique.
Le bénéfice par action du prédateur progressera plus vite grâce au rachat de sa cible.
Je dois dire que c'est une des meilleures périodes de ma carrière pour la stratégie d'arbitrage
de fusions-acquisitions car c'est une des meilleures périodes pour les sociétés pour croître par acquisitions. Il y a eu par le passé de mauvaises fusions, mais c'est moins le cas aujourd'hui.
Le risque de ces opérations dépend de plusieurs facteurs, particulièrement les aspects réglementaires
et politiques (l'influence d'un gouvernement sur l'issue d'un rachat), et le volet du financement du rachat.
Cette activité au sein des banques a été considérablement réduite à la suite de la loi Volcker
[NDLR : règle qui vise à limiter l'activité spéculative des banques]. Les fonds spécialisés dans cette stratégie ont été de leur côté durement pénalisés par l'échec de certaines opérations telles
que Hillshire-Pinnacle et Pfizer-AstraZeneca, qui leur ont fait perdre de l'argent.
Mais si l'écart entre le prix voulu par l'acquéreur et le cours de l'action s'accroît - le « spread » (2) -,
cela devrait attirer de nouveaux acteurs dans le marché. Il faut garder à l'esprit que ce « spread »
est le gain maximum que vous pouvez obtenir si tout va bien. Mais, si ce n'est pas le cas,
vous êtes exposés à de lourdes pertes. Quand vous intervenez sur des opérations dont les termes
sont annoncés, vous devez avoir raison dans 95 % des cas pour gagner de l'argent car le « spread »
est très faible au regard du risque de perte.
Quand, en revanche, vous achetez des actions en anticipant leur rachat,
il n'est pas nécessaire d'avoir raison tout le temps.
Oui, car elle se produit dans un contexte favorable pour les résultats des entreprises,
et que ces opérations de rachat sont stratégiques et « relutives ».
Les sociétés sont plus fortes à la suite de ces rapprochements.
Des considérations fiscales ont pu expliquer certaines acquisitions de sociétés étrangères
par des groupes américains, mais la fiscalité n'est pas le déterminant essentiel de ces opérations
entre les deux continents. A l'avenir, nous anticipons un mouvement de consolidation
parmi les producteurs de pétrole américains indépendants, dans les télécoms en Europe
ou dans le secteur de la santé.
Notre fonds n'est assurément pas un activiste.
En règle générale, nous apprécions de travailler en collaboration avec les entreprises.
Nous n'aimons pas être leurs adversaires. Cela nous réussit mieux financièrement
quand nous sommes amicaux plutôt qu'hostiles.
Les activistes peuvent être bénéfiques aux actionnaires, comme dans l'opération Allergan-Valeant.
Comparé aux « hedge funds » disposant d'actifs du même ordre, nous sommes une petite boutique
« agile » avec 126 collaborateurs, dont près de la moitié dédiés à l'investissement,
et un très faible taux de rotation de nos effectifs. Nous sommes satisfaits de cette organisation.
Nous disposons d'une gamme de stratégies assez complète (fusions-acquisitions, crédit…)
et souhaitons rester focalisés sur nos expertises historiques.
Les Etats-Unis et l'Europe sont les deux zones sur lesquelles nous opérons exclusivement.
Nous ne sommes pas encore présents en Asie, mais nous le serons à l'avenir.
C'est une zone très attrayante, mais aussi très exigeante, où vous devez allouer beaucoup
de ressources pour rencontrer le succès.
Les « hedge funds » sont supposés offrir aux investisseurs des rendements constants,
peu volatils et peu corrélés aux autres marchés, tout en gérant bien leurs risques.
Il est très dur de répondre à toutes ces exigences, notamment pour les gérants peu expérimentés.
Il est très facile de lancer un « hedge fund » mais très difficile de durer dans ce métier.
Vous devez être perspicace, dédié à 100 % à votre fonds, humble, patient et faire preuve d'indépendance d'esprit. Peu de gestionnaires disposent de toutes ces qualités.
Contrairement aux fusions dans le monde industriel, les rapprochements entre deux « hedge funds »
ne font pas beaucoup sens à cause des difficultés à rapprocher et à faire cohabiter des individus, cultures et processus d'investissement différents. Je suis très indépendant
et ne pourrais pas travailler pour un actionnaire qui a son mot à dire sur la façon dont je gère mon fonds. Si je devais lancer un nouveau « hedge fund » aujourd'hui,
je procéderais de la même manière qu'il y a vingt ans.
Une alliance avec Schroders
Si John Paulson était à Paris il y a quelques jours, c'était notamment pour rencontrer les clients
de Schroders, la société de gestion britannique qui fait un beau coup marketing en s'alliant à l'américain. Elle a lancé, le 25 juin, le fonds Schroder Gaia Paulson Merger Arbitrage,
qui sera intégré à sa plate-forme Gaia, qui donne accès à une poignée de « hedge funds » célèbres,
le tout dans un format encadré par les règles européennes Ucits, plus transparentes que les règles offshore. Dans le cas de Paulson, il faudra investir 500.000 dollars au minimum. Le fonds reproduira,
à hauteur d'au moins 85 %, la stratégie du Paulson International Limited,
fonds enregistré aux îles Caïmans en 1996, qui gère aujourd'hui 1,7 milliard de dollars
et ne prend que des tickets d'entrée de 5 millions de dollars.
Depuis sa création, il a gagné 681 %, contre 310 % pour l'indice S & P 500.
Le fonds Ucits devrait fermer à 1 milliard de dollars de souscriptions. .R. R
Source: Les Échos / 01/07/2014 par Nessim Ait- Kacimi Journaliste
Source: Les Échos / 01/07/2014 par Nessim Ait- Kacimi Journaliste
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Capture d'écran: http://pro.orange.fr |
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