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mardi 19 août 2014

Crédits aux PME : le plan de la BCE devrait séduire les banques

La Banque centrale européenne (BCE) s'apprête à lancer ses opérations ciblées de refinancement (TLTRO).BNP Paribas juge nécessaire que les grandes banques mobilisent ces instruments.
Mario Draghi va-t-il remporter son pari ? Pour enclencher le cercle vertueux du crédit et relancer l'économie européenne, le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) a proposé un « deal » aux banques de la zone euro : les alimenter en liquidités à des taux imbattables, à charge pour les établissements d'accroître leurs prêts à l'économie réelle. Une opération dénommée « TLTRO », qui va débuter dès le mois prochain. Début juillet, Mario Draghi avait estimé la demande des banques européennes pour le TLTRO à 1.000 milliards d'euros. « Les estimations de marché et les indications de certaines banques semblent tendre […] vers une demande globale entre 450 et 850 milliards d'euros »,s'est-il ravisé début août. « Si la demande était trop faible, ce serait un grave désaveu. Les deux premières tranches de septembre et de décembre mettent en théorie au maximum 400 milliards d'euros de liquidités à disposition des banques », note Gabriella Serres, analyste crédit chez Aurel BGC.

Développer le crédit

Certaines grandes banques ont commencé à lancer une dynamique, comme BNP Paribas, qui a déjà prévenu qu'elle saisirait l'offre de la BCE. « Nous avons l'intention de bénéficier du TLTRO et de développer nos crédits aux entreprises et à la consommation en Europe », a résumé Philippe Bordenave, directeur général délégué de BNP Paribas, lors de la présentation des résultats trimestriels du groupe bancaire. Interrogées sur leur appétit pour ces nouvelles opérations de refinancement de la BCE, la Société Générale et BPCE ont affirmé qu'elles n'avaient pas encore arrêté leur décision. Quant au Crédit Agricole, il n'a pas souhaité faire de commentaire. Mais, pour Jean-Laurent Bonnafé, le directeur général de BNP Paribas, « il faut que les grandes banques soient présentes dans cet exercice [de relance de l'économie, NDLR], sinon la mesure n'a pas d'impact ». Le patron de la banque de la rue d'Antin se montre volontariste et estime que « la plupart des banques mobiliseront ces instruments » dans « l'intérêt de l'économie européenne dans son ensemble ».
Un sentiment que partagent les spécialistes du marché bancaire. « Les banques vont s'en saisir car, dans le cas contraire, elles envoient un message négatif : soit qu'elles ne peuvent pas s'engager à développer leurs crédits car elles sont en difficulté, soit qu'elles ne montrent pas d'intérêt à la relance de l'économie. Le stigmate se trouve presque inversé : pour le premier LTRO, les banques y souscrivaient si elles étaient en difficulté », décrypte Cyril Meilland, analyste chez Kepler Cheuvreux.

Dimension politique

Le TLTRO recèle en effet une dimension politique. Mais, dans les faits, il pourrait bien, dans l'immédiat, ne pas drainer plus de crédits. « La BCE fait comme s'il y avait actuellement une crise de liquidité en Europe. Or, ce n'est pas le cas, le crédit souffre plutôt d'une demande trop faible », souligne Gabriella Serres. Les banques seront sans doute nombreuses au rendez-vous pour une autre raison : ces nouvelles liquidités leur permettront de finir de rembourser le prêt géant précédent de la BCE qui arrive à maturité fin 2014, le LTRO (voir ci-contre). « Il reste 400 milliards d'euros de l'ancien LTRO à rembourser, en particulier en Italie et en Espagne », rappelle Rémi Lelu de Brach, gérant chez Quilvest Gestion. Le TLTRO y contribuera sans doute en bonne part.
Les banques répondront aussi présent parce que l'opération est très intéressante. « Ne pas profiter d'un refinancement aussi bon marché serait tout simplement idiot », souligne Rémi Lelu de Brach. Mais les banques donnent des gages de bonne volonté. « Cette mesure [le TLTRO, NDLR] n'a de sens que si, entre la BCE et les banques commerciales, il y a une bonne coordination, une bonne compréhension, une bonne connivence », a ainsi souligné Jean-Laurent Bonnafé.
TLTRO, mode d'emploi
Les banques vont pouvoir, dans un premier temps, emprunter auprès de la BCE jusqu'à 7 % de l'encours total (à la date du 30 avril 2014) de leurs prêts au secteur privé (non financier) de la zone euro, hors crédit immobilier. Elles auront accès à ces liquidités via deux TLTRO (« targeted longer-term refinancing operations ») successifs, conduits en septembre et en décembre. Dans un deuxième temps, les banques auront la possibilité d'emprunter des montants supplémentaires de mars 2015 à juin 2016, à travers une série de TLTRO effectués chaque trimestre, pour autant qu'elles aient augmenté leur production de prêts aux entreprises et aux ménages (toujours hors immobilier).Toutes les opérations TLTRO arriveront à échéance en septembre 2018. Le taux d'intérêt appliqué aux emprunts TLTRO sera fixe sur la durée de chaque opération (le principal taux directeur de la BCE + 10 points de base), soit, aujourd'hui, 0,25 %. Les banques qui n'utiliseront pas ces fonds prêtés par la BCE à taux avantageux pour alimenter le crédit seront contraintes de les rembourser en septembre 2016, sans autre pénalité.
Les Echos | 18/08/2014 par Edouard Lederer Journaliste
Capture d'écran: http://pro.orange.fr/m-informer/finance-gestion/credits-aux-pme-le-plan-de-la-bce-devrait-seduire-les-banques.html


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