La mode, depuis quelques mois, est aux
fusions-acquisitions.
De janvier à mi-mai 2014, ces opérations ont déjà
représenté 500 milliards d'euros
selon Allianz Global Investors,
soit un
bond de 56 % par rapport à l'an dernier sur la même période.
Capture d'écran: http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle |
La
France participe largement de cette tendance, totalisant à elle seule
32 % des opérations réalisées
en Europe sur l'année écoulée, pour un
montant de 101,40 milliards d'euros. Le phénomène possède une
explication logique, et préfigure un coup de fouet de la situation
macroéconomique mondiale.
Aux quatre coins du monde, on a lancé les grandes manœuvres. Les
entreprises américaines, jamais absentes quand il s'agit d'aller faire
du shopping à l'international, étendent leurs tentacules en rachetant
des groupes étrangers à tout-va. Pfizer a ainsi fait main basse sur des
entreprises aux quatre coins
du monde pour 70 milliards de dollars,
quand General Electric et Google on cassé leurs tirelires
pour
respectivement 57 et 34 milliards de dollars. La firme de Mountain View a
d'ailleurs la ferme intention de continuer sur cette lancée. Elle vient
d'indiquer vouloir mettre 30 autres milliards
de dollars sur le tapis
pour l'acquisition de groupes high-tech en dehors des frontières
américaines.
Toujours offensifs, les Américains ne sont pourtant plus les champions
de cette discipline.
On a assisté, ces dernières années, à un glissement vers l'est du centre de gravité
.
Les pays émergents, plus particulièrement ceux de la région
Asie-Pacifique, sont à l'origine de 59 %
des opérations de M&A dans
le monde. L'Europe n'est pas en reste, puisque le premier trimestre 2014
témoigne d'un progrès de 72 % des fusacs sur le Vieux Continent.
Plusieurs facteurs expliquent ce boom. Une étude du Crédit Suisse indique
que le marché des M&A
est indexé sur l'évolution de la Bourse,
mais avec un an de décalage.
Or on constate que l'indice américain
S&P 500 a connu sa plus forte progression en 2013
depuis 1997, avec
une envolée de 30 %. Même son de cloche pour le Dow Jones Euro Stoxx 50,
qui a enregistré une progression de 18 %. Un cercle vertueux, puisqu'a
contrario la multiplication
des M&A est favorable aux marchés. Un
regain d'activité dans ce secteur se traduirait en moyenne
par une
évolution de 9 % du S&P 500 dans les six mois.
À ce rapport de causalité mis en évidence par le Crédit Suisse s'ajoute
un endettement
historiquement bas des entreprises, s'étant serrées la
ceinture depuis 2008, en économisant
sur tous les postes de dépenses :
investissement, communication, masse salariale, etc.
D'autant qu'elles
ont bénéficié de conditions de crédits avantageuses consenties par les
grandes banques centrales.
Bref, nombreuses sont les sociétés à se retrouver avec des grosses
liquidités à investir sur les bras.
32 % des entreprises américaines et
14 % des Européennes sont en situation de "net cash".
Le Crédit Suisse,
toujours, estime la puissance de feu combinée des entreprises et firmes
"private equity" à 3 000 milliards de dollars, dont 2 000 pour les seuls États-Unis. Colossal.
Enfin, last but not least, le levier majeur de cette dynamique reste la
confiance des dirigeants d'entreprises en l'avenir. Une confiance qui,
après avoir été longtemps en berne,
"est aujourd'hui proche de son plus
haut niveau historique", à en croire le Crédit Suisse.
Du moins chez les
patrons américains.
Chez les patrons européens, la mentalité est
également positive.
La plupart d'entre eux considèrent que le meilleur
moyen d'utiliser leur trésorerie réside
dans le financement d'opérations
de croissance externe, plutôt que dans l'achat d'actions.
Une bonne façon de doper rapidement ses recettes et son cours en Bourse.
Un état d'esprit que les États ont tout intérêt à entretenir. En France,
c'est plus ou moins le cas.
Si le gouvernement n'a pas bronché lors de
la fusion entre les géants français et suisse du ciment Lafarge et
Holcim, pour le rapprochement entre SFR et Altice/Numericable ça a été
plus compliqué.
Un patriotisme économique à géométrie variable, qui a
donné lieu à des réticences
d'Arnaud Montebourg à voir SFR se retrouver
dans le giron d'une entreprise
dont le PDG est résident suisse. Les réserves du gouvernement ont renvoyé une image désastreuse
de l'Hexagone à l'international.
La France, on l'a dit, s'en sort depuis quelques mois très favorablement
sur le marché
des fusions-acquisitions. Pour encourager les opérations
"transformationnelles" d'envergure
dont ses grandes entreprises ont
besoin pour répondre aux enjeux d'un retour de croissance,
elle doit
continuer d'ouvrir les bras aux investisseurs étrangers. Sa bonne santé
économique
en dépend directement.
Capture d'écran: https://twitter.com/DanielFauvert |
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