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mardi 24 juin 2014

Déferlante de fusions-acquisitions : une vague d'espoir à entretenir

La mode, depuis quelques mois, est aux fusions-acquisitions. 
De janvier à mi-mai 2014, ces opérations ont déjà représenté 500 milliards d'euros 
selon Allianz Global Investors, 
soit un bond de 56 % par rapport à l'an dernier sur la même période.
 
Capture d'écran: http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle
La France participe largement de cette tendance, totalisant à elle seule 32 % des opérations réalisées 
en Europe sur l'année écoulée, pour un montant de 101,40 milliards d'euros. Le phénomène possède une explication logique, et préfigure un coup de fouet de la situation macroéconomique mondiale.
Aux quatre coins du monde, on a lancé les grandes manœuvres. Les entreprises américaines, jamais absentes quand il s'agit d'aller faire du shopping à l'international, étendent leurs tentacules en rachetant des groupes étrangers à tout-va. Pfizer a ainsi fait main basse sur des entreprises aux quatre coins 
du monde pour 70 milliards de dollars, quand General Electric et Google on cassé leurs tirelires 
pour respectivement 57 et 34 milliards de dollars. La firme de Mountain View a d'ailleurs la ferme intention de continuer sur cette lancée. Elle vient d'indiquer vouloir mettre 30 autres milliards 
de dollars sur le tapis pour l'acquisition de groupes high-tech en dehors des frontières américaines.
Toujours offensifs, les Américains ne sont pourtant plus les champions de cette discipline. 
On a assisté, ces dernières années, à un glissement vers l'est du centre de gravité
Les pays émergents, plus particulièrement ceux de la région Asie-Pacifique, sont à l'origine de 59 % 
des opérations de M&A dans le monde. L'Europe n'est pas en reste, puisque le premier trimestre 2014 témoigne d'un progrès de 72 % des fusacs sur le Vieux Continent.
Plusieurs facteurs expliquent ce boom. Une étude du Crédit Suisse indique que le marché des M&A 
est indexé sur l'évolution de la Bourse, mais avec un an de décalage. 
Or on constate que l'indice américain S&P 500 a connu sa plus forte progression en 2013 
depuis 1997, avec une envolée de 30 %. Même son de cloche pour le Dow Jones Euro Stoxx 50, 
qui a enregistré une progression de 18 %. Un cercle vertueux, puisqu'a contrario la multiplication 
des M&A est favorable aux marchés. Un regain d'activité dans ce secteur se traduirait en moyenne 
par une évolution de 9 % du S&P 500 dans les six mois.
À ce rapport de causalité mis en évidence par le Crédit Suisse s'ajoute un endettement 
historiquement bas des entreprises, s'étant serrées la ceinture depuis 2008, en économisant 
sur tous les postes de dépenses : investissement, communication, masse salariale, etc. 
D'autant qu'elles ont bénéficié de conditions de crédits avantageuses consenties par les grandes banques centrales.
Bref, nombreuses sont les sociétés à se retrouver avec des grosses liquidités à investir sur les bras. 
32 % des entreprises américaines et 14 % des Européennes sont en situation de "net cash". 
Le Crédit Suisse, toujours, estime la puissance de feu combinée des entreprises et firmes 
"private equity" à 3 000 milliards de dollars, dont 2 000 pour les seuls États-Unis. Colossal.
Enfin, last but not least, le levier majeur de cette dynamique reste la confiance des dirigeants d'entreprises en l'avenir. Une confiance qui, après avoir été longtemps en berne, 
"est aujourd'hui proche de son plus haut niveau historique", à en croire le Crédit Suisse. 
Du moins chez les patrons américains. 
Chez les patrons européens, la mentalité est également positive. 
La plupart d'entre eux considèrent que le meilleur moyen d'utiliser leur trésorerie réside 
dans le financement d'opérations de croissance externe, plutôt que dans l'achat d'actions. 
Une bonne façon de doper rapidement ses recettes et son cours en Bourse.
Un état d'esprit que les États ont tout intérêt à entretenir. En France, c'est plus ou moins le cas. 
Si le gouvernement n'a pas bronché lors de la fusion entre les géants français et suisse du ciment Lafarge et Holcim, pour le rapprochement entre SFR et Altice/Numericable ça a été plus compliqué. 
Un patriotisme économique à géométrie variable, qui a donné lieu à des réticences 
d'Arnaud Montebourg à voir SFR se retrouver dans le giron d'une entreprise 
dont le PDG est résident suisse. Les réserves du gouvernement ont renvoyé une image désastreuse 
de l'Hexagone à l'international. 
La France, on l'a dit, s'en sort depuis quelques mois très favorablement sur le marché 
des fusions-acquisitions. Pour encourager les opérations "transformationnelles" d'envergure 
dont ses grandes entreprises ont besoin pour répondre aux enjeux d'un retour de croissance, 
elle doit continuer d'ouvrir les bras aux investisseurs étrangers. Sa bonne santé économique 
en dépend directement.
 
Capture d'écran: https://twitter.com/DanielFauvert
 


 
 
 

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