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mercredi 17 décembre 2014

« Avec une baisse de -0,9% du nombre de défaillances à fin octobre, il n’y a pas eu d’écroulement de l’activité »

Le nombre de défaillances à fin octobre atteint 63 002 entreprises, soit une baisse de -0,9% 
sur les 12 derniers mois. C’est le plus bas niveau enregistré depuis août 2013. Cependant, 
le coût financier (somme des dettes fournisseurs) augmente légèrement (+0,5%),
en raison de défaillances récentes d’entreprises de taille intermédiaire (ETI).
Un cycle de baisse des défaillances est-il enfin amorcé ? La restructuration de certains secteurs 
tels que l’automobile et les transports, la résilience (relative) de la consommation française soutiennent cette hypothèse. Néanmoins, les défaillances devraient se maintenir à un niveau
très élevé. En effet, l’accroissement du nombre de créations d’entreprises depuis mi 2013 pourrait 
à l’inverse soutenir le nombre de défaillances d’entreprises.
Car les premières années d’existence d’une entreprise sont associées à un risque de défaut élevé. Coface reste prudent avec une prévision d’une baisse des défaillances d’entreprises pour l’ensemble
de l’année 2014 de -1,2% à 62 800 et de -0,5% en 2015 à 62 500 entreprises défaillantes. 
Rappelons qu’en 2007 et 2008 le nombre annuel moyen de défaillances était de 50 100 entreprises.
Capture d'écran: Photo : © fotolia- Maquette : Les éditions stratégiques

Première baisse des défaillances en glissement annuel depuis 22 mois
Au mois d’octobre, le nombre de défaillances annuelles a baissé de -0,9% à 63 002 (graphique
n°2 page 3), soit un niveau qui n’avait pas étéobservé depuis août 2013. Il s’agit du « meilleur »
mois d’octobre depuis 2011 avec 6 052 défaillances (graphique n°3 page 3).
De plus, les défaillances touchent dorénavant moins d’employés.
Le nombre moyen d’employés par défaillance a ainsi atteint le niveau de 2,92 soit un plus
bas niveau depuis octobre 2008 (2,90). Le contexte économique joue probablement plutôt en faveur de la réduction des défaillances : légère accélération de la consommation privée (+0,6% au T3 en a/a) et des crédits aux entreprises  non-financières (+0,8% en rythme annuel à fin octobre), et stabilisation du volume des exportations de biens et services (+2% au T3 en a/a). Autrement dit, il n’y a pas eu d’écroulement de l’activité. La baisse des créations d’entreprises jusqu’en décembre 2012 à 242 497 entreprises (hors auto entrepreneurs) a aussi pu jouer en faveur de l’affaiblissement du nombre de
défaillances. Les chances de survie d’une entreprise sont plus faibles après un an d’existence
pour ensuite augmenter avec le temps. Autrement dit, un « pic » de créations d’entreprises provoquera une augmentation du nombre de défaillances d’entreprises avec un retard de un
à trois ans environ. En outre, la crise financière n’a pas affecté avec la même vigueur tous les secteurs
d’activités. Certaines branches ont mis en place des plans de restructurations et, ce faisant, on réduit le nombre des entreprises fragiles grâce à des rapprochements d’entités. C’est ce qui s’observe notamment dans le secteur automobile à l’image des équipementiers automobiles dont le chiffre d’affaires est passé de 25 milliards à 15 milliards d’euros entre 2007 et 2013 mais qui
devrait enfin croitre de 3 à 5% en France en 2014 (source : FIEV). Mais dans le même temps, le
coût lié à ces défaillances, c’est-à-dire le cumul sur 12 mois des dettes fournisseurs des entreprises
défaillantes, augmente de 0,5%.
De nouveaux signes de fragilités
Alors que les microentreprises représentent l’essentiel du paysage des entreprises défaillantes
(92,4%), suivies des TPE (4,3%) et des PME (2,5%), les défaillances d’ETI-GE ont légèrement
augmenté à fin octobre à un rythme annuel de 5,9% alors que toutes les autres catégories d’entreprises
diminuent. Depuis septembre 2014, 28 ETI-GE défaillantes comptent parmi les 100 plus grosses
défaillances de l’année 2014, contre 12 observées en 2013. Rappelons que le mois d’octobre est traditionnellement le plus « sinistrogène » de l’année (graphique n°3 page 3). Parmi ces « grandes »
défaillances figurent les redressements judiciaires de l’Union des coopérateurs d'alsace (chiffre
d’affaires de 493 millions d’euros) et la Société d'exploitation RAPP (chiffre d’affaires de 362
millions d’euros) propriétaire des marques Fly, Atlas et Crozatier.
La crise financière affecte les entreprises les plus récentes mais également les plus âgées dont la
taille moyenne est plus élevée. Car un contexte dynamique de croissance de l’économie peut
créer chez certaines entreprises un comportement de rente qui n’incite pas à innover, à développer
l’activité ou encore à réduire la concentration du portefeuille de clients les rendant plus fragiles à la
survenance d’une crise. Ainsi depuis début 2009 l’âge moyen des entreprises défaillantes progresse
pour atteindre 8 ans et 7 mois en octobre 2014 contre 7 ans à son plus bas à fin 2008. Ce phénomène
nécessite une vigilance particulière, d’autant plus que tous les secteurs sont concernés
avec notamment de « grandes » défaillances dans le secteur des métaux.

Des prévisions nuancées
En 2015, nos prévisions de croissance de l’économie française sont mieux orientées à 0,8% et
soutenue par la consommation privée, contre 0,4% en 2014. C’est certes une croissance molle
puisque la croissance moyenne entre 2002 et 2007 s’établit à 2,0%. Même limitée, elle sera
plutôt favorable à la poursuite du recul des défaillances. Néanmoins, les créations d’entreprises
annuelles ont nettement progressé (+9,8%) en octobre 2014, par rapport au plus bas de
décembre 2012, à 266 337 entreprises. En 2014, Coface prévoit une légère baisse du
nombre de défaillances à 62 800 soit -1,2% par rapport à 2013 (63 560). Cette hypothèse repose
sur une croissance relativement honorable au 4ème trimestre (0,2% en a/a), une augmentation
modérée du crédit aux entreprises et une meilleure orientation du climat des affaires en France
qui progresse depuis octobre (+3,4) pour atteindre 94,3 en novembre 2014.
En 2015 nous prévoyons une baisse modérée du nombre de défaillances à 62 500 soit -0,5% par
rapport à 2014. En effet, en dépit de la légère accélération attendue de l’activité, nous considérons
que l’augmentation du nombre de créations d’entreprises observée sur les deux
dernières années limitera l’impact positif de la macro-économie.








































Le nombre de défaillances par secteurs montre que les industries connaissent des évolutions contrastées. Pour l’industrie automobile, la chute des
ventes depuis 2008 a entrainé l’ensemble des acteurs de la filière dans la tourmente, fragilisant 
en particulier les acteurs en bout de chaîne que sont les équipementiers de rang 2 et 3, 
ainsi que les concessionnaires et distributeurs automobiles. Quant au transport, l’activité étant pro-cyclique, la croissance molle conjuguée à un prix du pétrole élevé a eu pour effet de réduire les carnets de commandes. Pour les services aux particuliers, le taux de chômage
en hausse, fragilisant des ménages aux perspectives réduites, a joué un rôle néfaste. A fin
octobre 2014, nos commentaires sur les secteurs sont les suivants:
 
AGROALIMENTAIRE : des marges comprimées qui affectent les entreprises en amont 
de la chaine

Les défaillances de l’agroalimentaire augmentent de 2,7%, en glissement annuel, à fin octobre 2014. 
Les sous-secteurs les plus touchés sont les boulangeries et activités connexes (+9%), les cultures de céréales (+47%), et les activités d’élevage (+21%). Ces hausses des défaillances dans les industries agroalimentaires (IAA), tranchent avec la légère baisse observée des défaillances dans l’ensemble de
l’économie. Comment expliquer ce paradoxe ? La concurrence entre enseignes dans un contexte de
croissance économique atone, entraîne les prix dans les industries de l’agroalimentaire vers la déflation.
Ainsi, l’indice de production industrielle pour le segment des IAA est orienté à la baisse depuis le début
de l’année 2012, du fait d’une perte des débouchés. En témoigne la liquidation judiciaire des abattoirs
Tilly-Sabco en septembre 2014 (75 millions d’euros de chiffre d’affaires).

CONSTRUCTION : une demande toujours atone
A l’instar de l’ensemble de l’économie, les défaillances dans le secteur de la construction baisse
de 0,8% à fin octobre 2014, sur un an. Toutefois, les coûts associés explosent sur la même période,
+51%. A fin octobre 2014, les autorisations de construction de logements sont en baisse de
12,9%, sur un an, et il en est de même pour les mises en chantier (-12,0%). Les promoteurs
immobiliers, selon l’enquête trimestrielle de conjoncture de l’INSEE, indiquent prévoir l’accentuation
de la baisse de demande de logements. Ainsi la moyenne des soldes d’opinion est nettement
en dessous (-54%) de celle de long terme. Cette morosité est visible dans certains segments tels
que les activités de location de terrains (+10%) et la promotion immobilière (+29%). Mais la situation
est plus préoccupante dans les activités de travaux (menuiserie, plâtrerie, et revêtement), qui
connaissent une hausse de 7,1 % des défaillances sur un an. 
Le redressement judiciaire du constructeur SEE SIMEONI (chiffre d’affaires de 46 millions
d’euros) illustre les difficultés du secteur.

SERVICES AUX PARTICULIERS : les services de proximité pâtissent de la prudence 
des ménages 
 Les défaillances dans ce secteur augmentent de 1,1% à fin octobre 2014, sur un an. Les coûts quant à eux explosent (+12,8%). Les segments
les plus affectés sont les établissements liés aux soins corporels et capillaires, dont les défaillances
grimpent de 5,4% sur un an, mais aussi la restauration avec une hausse de 4,3% sur la
même période. Les performances du secteur dépendent essentiellement de la consommation
des ménages. Or celle-ci manque de dynamisme et l’indicateur de confiance des ménages de
l’INSEE (86,9), bien qu’en amélioration depuis le mois de juin 2013 (79,7), est toujours sensiblement
en dessous de sa moyenne de long terme (95,8 depuis 2000). Le taux de chômage, quant à lui, 
ne cesse de grimper pour atteindre 10,4% au 3ème trimestre 2014 au sens du BIT contre
10,1% au trimestre précédent.
LEXIQUE
Défaillance : défaillance légale à savoir le redressement ou la liquidation
judiciaire. Hors DOM-TOM
• Coût : cumul de l’encours fournisseurs de chaque entreprise défaillante
• Microentreprises : moins de 10 salariés
• TPE : 10 à 19 salariés
• PME : 20 à 249 salariés
• ETI : 250 à 4 999 salariés
• Age : nombre d’années écoulées entre la naissance et date de
l’événement (redressement ou liquidation)

RESERVE
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à la date de sa rédaction et en fonction des informations disponibles ; il pourra être modifié 
à tout moment. Les informations, analyses et opinions qu’il contient ont été établies
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SOMMAIRE
  • Évolution des défaillances d’entreprises
  • Analyse des défaillances d’entreprises par secteurs d’activité







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